Wednesday, February 14, 2007

Matra


Jules Renard disait:"un homme a deux vies: la sienne et celle de son père".
J'ajouterais, "un corse en a trois: la sienne, celle de son pere et son ile".
Ici, le village d'origine de la famille de mon père: Matra. J'y ai passé de merveilleux étés, a pecher la truite a la main, construire des cabannes, ecouter pendant des heures mon copain JB parler de chasse aux chacha (?) et, plus tard j'y ai fait mes premiers amours, et mes premieres cuites. Matra est fait de maisons en pieres seches ou de chaux, massives, puissantes, inebranlables suplombant la valee. De la fenetre de ma chambre, on peut voir, au loin, la plaine orientale de l'ile avec la mer, tres loin. Tout pres, coule un ruisseau ou j'ai pris ma premiere truite (tout seul!), sur son cours, se trouve une mine d'arsenic, avec ses cristaux de relgar, une roche sulfuree, rouge ou orange. Les cailloux sont repartis sur le cours d'eau. On jouait dans les remblais de la mine avec les copains. On se badigeonnait le corps d'argile pour faire les sauvages. En bas de la montagne, on peut aller au "fleuve", le Bravone. Enjambé par un pont romain, il passe pres d'un vieux moulin a eau ou j'alais me baigner, generalement seul. Pour y aller, on doit traverser une chataigneraie qui me semblait millenaire. Les arbres font plusieurs metres de diametre. dans une clairiere se trouve une maisonnette, dont j'etais effrayé. Une sorciere devait habiter la... Au dessus du village, le monte castelle (prenant ce nom, je le supposait, des rochers qui le surplombent, en forme de crenaux des chateaux medievaux) j'y ai vu mes premiers aigles royaux, combatu des dragons et sauvé des princesses.
Les habitants de Matra sont parfois durs, parfois plein d'humour, mais la generosite et l'hospitalite et la camaraderie y est de mise. Tres souvent, je trainais chez les dames du village, une faisait le miel, l'autre du fromage (je l'adorais celle la), d'autres me donnaient des gateaux. Une tres ancienne qui n'avait qu'une dent, me demandait tous les jours "De qui tu es toi?" en corse. A chaque fois, je lui repondais, et elle me faisait un basgiu (bisou) digne de la pieuvre de chez Jules Vernes. De qui tu es toi?
Sur la place, les anciens restaient le matin et le soir sur le banc, parlant corse. L'un d'entre eux etait habille en costume traditionnel, velours cottelé, meme en Aout. Il fumait sa pipe, et sentait la vanille. D'autres jouaient aux boules et profanaient des injures a l'encontre du tout puissant ou de la sainte vierge (surtout ne pas repeter). Des fois, Pierre-Paul ou Fan-Fan m'emenaient sur le dos d'une Mule.
Matra c'est aussi des evenements qui m'ont choqué. L'Eternelle "vendetta" entre deux familles qui debouchait toujours en bagarre lors de la fete du village. La mort accidentelle de mon copain d'enfance qui etait ce qu'il y a de plus gentil sur terre. L'enterrement de mon pere. Cet autre enterrement ou un vieux me dit "il en faut pour tout le monde", calmement.
Et puis cette question, qui remplace le "de qui tu es toi?". Ca fait: "oh Petru Pascua' tu le parles le Corse?". Comme pour me tester. Le pire c'est qu'avec le temps que je passe a l'etranger, j'ai tendance a parler un drole de spanio-italo-franco-corso-whatever.

Jules Renard said: " A man has two lifes: his and his father's".
I would add "A corsican has three: his life, his father's one and his Island"
This is my father's familly village: Matra.

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Monday, December 18, 2006

Running with Eva

Hey, since this blog is about people too,
I'd like to speak about my friend EVA, one of the most driven persons I've ever seen.
Eva is from check republic, she is a neuroscientist, doing a post-doc with the all mighty G. Buzsaki. I have a lot a pleasure to talk about science with her since she is open, incredibly smart and always enthusiastic about everything potentially interesting. Curious people are really neat!
But, the best thing about Eva, is that she is a runner. Not a week-end runner, a crasy runner! And that, I love! Eva is able to take her car, drive the whole night to get to a 50Km race (30 miles), barely sleep, and... WIN!
Last time I saw her, we went to windsor vermont. There was a 50K race that I planned to do (maybe one day I'll write about this one), and Eva, that barely trained, signed for the 50 miles!!!! You have to understand that this race was not on flat road but on dirt trails, in the mountain. so ups and down...
Eva finished 1st of the women! and she didn't train like any crasy ultra runners would do! Eva doesn't wear fancy gear, doesn't drink gatorade or any scientifically elaborated sport drinks. She doesn't have any ipod or expensive watch nor GPS/speed-distance stuff. She is nature! and she wins.
Eva is also a super sensitive woman with a kind of peculiar laughter that you might recognise in some trail runs. Respect, Lady!

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Friday, December 15, 2006

chine/china : les gens

J'aime les gens,

j'aime regarder autour de moi, et, le cas echeant, j'aime prendre une petite photo. Generalement, je me cache ou prends la photo sans regarder dans l'objectif.
Avez vous deja pense a l'immensite de votre monde interieur? Ben, moi ce qui me fascine c'est qu'il y a plus de 3 milliards de ces univers... ca en fait des expeditions!!
L'image de la chine moderne:
premiere place de la cite interdite de pekin.
Le portable a lamain, cet homme est l'archetype
meme du pekinois. Style homme d'affaires.
Comme un fantome, l'autre passe inapercue. Il y a enormement de gens payes pour nettoyer la ville.







Parc de tian tan (ou se trouve le temple du paradis), Pekin.
Tout le monde vient ici pour danser, chanter, faire des excercices ou prendre des cours de kungfu. Elle, m'a super emu.






Comme dans Massilia Sound System:
Deux secondes, je me lave la tete!
Les hutong sont les ruelles de Pekin. Elles sont tres etroites et constituees de maisons traditionelles en carre avec un cour interieur. Plusieurs familles vivent, partageant la cour. D'autres maisons sont plus petites encore et n'ont generalement pas l'eau courante. Des toilettes publics se trouvent tous les 50m dans certains lieux. On trouve aussi des puits par-ci par-la.










Simatai: un des lieux ou l'on peut voir la grande muraille. Paysage grandiose. Je monte pour rejoindre la muraille: "bonjour, tu viens d'ou?" une petite dame m'aborde, en chinois. Je lui reponds, comme je peux, que je suis francais. "pourquoi tu parles chinois?"
-Ma femme, sa mere est chinoise
-d'ou?
-zhechuan
-aahhh
-tu m'achetes un truc?
-ooh, j'ai plus de sous, desole... (la je ments un peu...)
elle s'en va. Arrive en haut, tout le monde me connait:
c'est toi le francais? aaah! ta femme, elle est chinoise?
Finalement, je lui ai achete un truc a la dame, elle m'a trop plu.



Elle, elle vient de sortir un truc de son nez.
Apres manger, dans une rue de ZhouZhuang (pas trop loin de ShangHai)








Les vieux.
Drole d'endroit pour tchatcher...
En tout cas, c'est la fin du bonheur des retraites chinois.
La plupart de ceux qui auront 60 ans dans les annees a venir, n'auront plus droit a la retraite. Ca va etre dur, pour eux et pour les enfants.








Une table de jeu dans une maison de the. Les gens peuvent y passer des heures a siroter un the (magique, il ne s'use pas, ya juste qu'a rajouter de l'eau) et manger des graines de touresol. On dit que les chinois sont joueurs

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Tuesday, May 09, 2006

BIG SUR MARATHON (French version)

Tout a commencé cet hiver : Sachant que, selon mon coach personnel (voir http://www.training2run.com/ ) je devais être prêt vers le mois d’Avril pour mon premier marathon, quel marathon choisir? Ca tombe bien: le journal “runners world” sort un article sur les 10 meilleurs marathons des USA. Parmi eux, le plus “scenic”, en gros celui avec la plus belle vue : Big Sur marathon. Excite par les photos, je regarde le site web : bang! Coup de foudre, je m’inscris de suite et inscris mon épouse (sans la consulter) sur le 9mile walk (comme ça elle en profitera aussi).

Donc me voila: il est 4h15 du matin et j’attends sur les trottoirs de Monterrey l’arrivée des bus, j’ai bien dormi (grâce au décalage horaire – j’habite sur la cote est des USA), mais je suis mort de trouille. C’est mon premier marathon et, quand je m’étais inscrit, j’avais pas fait gaffe au profil d’altitude de la course: c’est plein de collines et il y en a une, du mile 10 au 12 qui tue sa mère (en gros ça fait 3.5km de montée brute). Un sexagénaire commence à me raconter ses derniers marathons. Une triathlète, relax, le café à la main (50cl minimum) me dit qu’elle fera une compet dans un mois et que c’est une bonne façon pour elle de se mettre en jambe. “Tu versa, tout ira bien” me disent ils. On rentre dans le bus, le même que dans les films : bus scolaire jaune, avec des banquettes pour lilliputiens. Ca fait bizarre de voire cette petite ville, la nuit. Tout le monde dort, sauf… quelques milliers de personnes qui vont et viennent près du convention center en tenue de marathon. Ils ont tous des têtes de zombie (personne n’a dormi), une boisson sportive et un ticket rose ou bleu a la main. Les bus partent sur la “route one” en direction dupe arc d’ou le départ du marathon est organise. Il y a du brouillard, et ça ressemble à un épisode des “Xfiles” tous ces bus (une trentaine au moins?) a la file sur la route escarpée. L’attente dans le bus est interminable, ça a dure au moins 1heure! Les toilettes s’il vous plait!!! Moi qui avais bien fait le plein de boissons et de sucres lents pendant toute la semaine, j’en peux plus! Enfin, le bus arrive. On entend de la musique, un gars parle a la sono et ça grouille de gens. Ils sont tous soit assis avec leur petit sac (appelée “sweat bag”) qu’on nous a donne la veille pour mettre nos affaires avant la course. Il ne fait pas chaud, environ 13 degrés, humide, et on se croirait dans une “rave party”, sauf que les gens sont un peu plus sains que ce que je me rappelle de mes folies de jeunesse. Les toilettes “portables” sont là, alignées, un drôle d’odeur se dégage… on fait la queue, chaque queue correspond a deux toilettes. Les gens sont patients, ya toujours des fifilles américaines pour crier et sauter partout quand elles rencontrent leurs copines mais sinon, les gens se réveillent. Je parviens finalement aux toilettes, après 15mn d’attente. Ouf! Pas trop tôt. Ça fait partie de mes petits secrets d’avant les courses: toujours finir de manger 2heures avant, et de boire 1h avant. Attendre devant les toilettes pour se vider (“empty out”) le plus possible. Désolé pour les détails mais c’est important de ne pas avoir à s’arrêter en route pour une urgence “buissons”. D’autant que les buissons aux states peuvent être très vicieux (on parle de “poison ivy” un plante urticante). Bref, je vais mieux. Je m’assois ou je peux (entre deux gars qui se trouvent venir de 50 bornes de mon patelin au new Hampshire), je commence à me badigeonner les pieds de Vaseline (pour les cloques), et j’écoute ce que dit le gars de la sono. “Vous êtes au top de la forme! Vous vous êtes prépares tout l’hiver pour cet événement! Ca va être mémorable vous verrez! L’oeil du tigre!” et il nous met la musique de Rocky (tiger’s eye). Il donne le compte a rebours. “Plus que 15 minutes avant le départ” Ca commence à monter, j’ai envie de courir. Je me mets en tenue, mets mes affaires (pantalon et blouson) dans le petit sac avec mon numéro dessus. J’agrafe mon Bib (mon numéro) sur mon t-shirt, et je fais la queue pour donner mon sac aux volontaires. Ils en remplissent un camion plein! Petit échauffement à la mamie (je veux pas perdre la moindre once d’énergie, ça servira pour les derniers Km) étirements, et voila! Je vais à la zone “START”. Je passe devant les “poulains” les sub-3 comme ils dissent. Ya plein de Kenyans comme d’hab, ça a l’air sérieux tout ça. Et je me faufile loin derrière, là ou les lents se trouvent. Ca change des semis, ya plus beaucoup de gros dans le peloton, même derrière. Un autre type de Boston, je le reconnais à sa casquette des red sox, la même que moi. D’un coup, tout le monde se tait. Un type dont je me rappelle plus le nom, va chanter l’hymne national. Tout le monde a la main sur le Coeur, je fais mine basse. Une fois la dernière strophe chantée, les gens crient et applaudissent, on lâche des colombes (une trentaine). Ouah! Ils savant faire le show les amerlocs quand meme. Et puis, un type parle au micro et tout le monde se tait encore une fois. J’arrête de tchatcher avec mon nouveau copain… c’est la prière! J’hallucine! “Merci d’avoir permis a tant de gens de venir aujourd’hui, merci pour ce merveilleux paysage, et fais en sorte que personne ne soit blesse. Bénis nos frères soldats en Irak qui se sacrifient pour la paix et la liberté, et bénis l’amerique. Amen.” Et tout le monde qui répète “Amen”. On se croirait à la messe! Ca a beau faire 4 ans que je suis là, j’arrive pas a m’y faire. Bref, on ne va pas commenter, c’est hors sujet.

D’un coup, j’entends un petit coup de pétard, 6h45, c’était le coup de feu du départ. Il fait jour maintenant. Ca commence à piétiner, et je franchis la ligne de départ en méchant, essayant de ne pas marcher sur les pieds de mes voisins. Puis le rythme s’accélère, et je commence a trottiner puis courir. Je me dis : “easy, prends la doucement. Rappelle toi le 20miler comment tu t’étais brûlé a faire le malin au début. Laisse passer les excités et les pros, prends la cool”. Au bout de quelques Km, j’apercois un papie a mon niveau, je me mets a lui parler. Il a l’air de souffrir un peu mais c’est pas grave parce qu’il court le relais. Il s’arrêtera au mile 5. Monsieur a 62 ans (il faisait plus vieux) et il s’est mis a courir. Ca fait plaisir ça, les gens qui baissent pas les bras. Je lui raconte l’histoire du gars que j’ai rencontre à ma dernière course, le 20miler. Le type avait 78 ans, il a fini en moins de 3h30 (il était arrive avant moi) et avait couru Boston a 72 ans en 3h28… ça calme!? Mon papie d’à cote me raconte l’histoire de ses enfants qu’il a envoyé étudier en espagne. Ca leur évite les mauvaises fréquentations, la methamphetamine, et ça coûte moins cher. Au bout d’un moment, il me laisse partir pour marcher un peu.

On est dans la foret, sous les pins rouges, type séquoia, le brouillard est toujours la et les gens parlent bas. Ca descend.

D’un coup, on arrive sur une plaine, la mer à gauche et du paturage à droite, avec, derrière des montagnes. C’est vert! Presque fluo!

Mile 4, je me sens en pleine forme, j’accélère un tout petit peu, histoire de me juste en dessous du rythme de croisière. J’accélérerai à mile 8 pour le rai rythme de croisière avant la montée. Tout le monde est très sympa, ca discute, ça raconte ses aventures. Et ça commence à être sévèrement beau! Mile 8-9 on aperçoit point sur. Une espèce de gros rocher surmonte d’un phare et de quelques bâtisses mais on voit pas le haut, ya trop de brouillard. Je me mets en mode croisière. Et je discute avec deux “ladies”, la cinquantaine qui ont l’air d’avoir la forme. Malgré mes efforts, elles captent de suite que je suis français (ça doit être mon accent “saucisson a l’ail/figatellu”).


Mile 9-10, au bout du virage on devine Hurricane Point. Ca monte monte… dans le brouillard. Au fait? Ca s’arrête ou la montée? Au pied de la route, une plage, avec une rivière qui se jette dans l’océan devant un énorme rocher. C’est si calme!

La route tourne à droite, dans le ravin et on entend des percus. Un groupe de percussions japonaises, avec des bâtons à la main, tapent comme des bourrins sur leurs instruments (style tambours du Bronx). La, mon instinct guerrier figatellu commence à ressortir. Aucun doute, on va la passer cette montagne! Un type à coté, à qui j’avais parlé au départ commence a blaguer sur la montée : “là, on va comprendre!”. On décide marcher la montée ensemble! Au passage je note, depuis au moins 5Km, un type avec un T-shirt ou il a marqué “Moose” (Elan, comme l’animal du nord est américain). Ce type n’arrête pas de me passer, puis de s’arrêter pour me laisser passer etc.… il fait la méthode “Galloway”. Galloway est passé à l’expo hier. Sa stratégie c’est de courir et de marcher par alternance. Mais le mec qui me passe et repasse il fait quelque chose comme 3 minutes course, 30 secondes marche. Hm! Intéressant. Finalement, je laisse tomber mon copain de marche pour coller au gros “moose” aux mollets de lanceur de poids. Puis, je me fais passer par un type aux cheveux longs, style baba cool… qui marche aussi vite que je cours! On commence a tchatcher et puis, au bout de 5 minutes il me parle en français. Un Quebecquois! Tres cool le type. On tchatche encore et, en un rien de temps, nous voila en haut!!!


Jolie la vue! Malgré le brouillard ça a l’air pas mal en bas. Là je mets les boosters, et, à ma surprise, le marcheur aussi! On fait copain copain comme ça jusqu’au mile 15. Le paysage est grandiose, je crois être dans un rêve. Pourtant, question “grandiosité” j'ai vu des trucs sympas. Ma Corse natale, les calanques de Marseille, le new-hampshire ou les paysages de l’état de new york. Mais là! Tant de paix, la nature est préservée comme à l’origine, des vautours se baladent juste a cote (et pas un, mais 4 ou 5!), les fleurs. Bref, je ne me rends même pas compte que je cours. Tout baigne quoi! Je croise un type en tongs, si si, en tongs, il court plus vite que moi même! Puis un autre gars me dépasse, il est pieds nus! (Il faut voir son site web, www.runningbarefoot.org). Une bonne femme, sur le coté, a l’air de souffrir. Elle est chilienne et me dit, en espagnol, qu’elle s’est blessée dans une course au chili et que la douleur revient. Je lui dis de prendre soin d’elle et d’aller lentement et je continue mon bout de chemin.


Finalement, je passe la marque “mile 20” et je me dis que je suis en train de passer le meilleur moment de ma vie, j’ai fait 20 miles et je suis en pleine forme! Ma hanche chauffe un peu mais rien de très grave. Faut croire que le marathon c’est pas si dur que ça finalement!...

Mile 21 : je sais pas ce qu’il se passe mais j’ai l’impression d’être une mamie de 95 ans. J’ai pas la forme là. En plus, le soleil est sorti, et avec le vent ça fait un peu trop chaud froid à mon goût. J’ai envie de dormir là. Je m’arrête marcher un peu pour reprendre mon souffle. Ben? Pourquoi je suis essoufflé? Ca ne monte pas et je ne vais pas vite? Ben c’est pas ça le mur? Oh la la, faut serer les dents là. Je reprends la course et je mange ma petite barre énergétique que j’avais laissé macérer dans la poche de mon short. Hmmm c’est bon ça. Mais ça aide pas franchement. J’alterne marche/course (si on peut appeler ça courir), mais pas plus d’une minute de marche a la fois ! C’est là qu’on découvre que de s’arrêter de courir, ça fait mal... quand on reprend. D’un coup, une jeune femme, vient vers moi. Blonde, souriante, elle me dit qu’elle s’attarde un peu avec moi pour m’encourager. Je me sens un peu confus. D’ou sort elle cette jolie blonde ? Un ange ? Aurait elle succombé à mon charme insulaire (j’ai une tête à faire peur a un sanglier) Elle sait que je suis marié? Elle me raconte qu’elle courait le semi avec sa soeur mais que la soeur l’a lâchée en cours de route. « Maintenant, je vais te raconter l’histoire de Carmel et Monterrey, histoire de t’occuper à autre chose » Et la voila qui me raconte l’histoire de hippies et de bonnes soeurs et de pécheurs de sardines et de Steinbeck et je lui parle de mon boulot (la recherche sur le cerveau...) Elle me donne son gel, « ça aide ». Je prends, je prendrais n’importe quoi là, pourvu que ça me fasse ressusciter ! Finalement, après un mile (ou 10, je sais plus), je m’arrête pour marcher la colline, elle me laisse pour encourager un autre. Sympa l’ange. Me rappelle plus le nom mais bon, je suis occupé à survivre. On passe la plage, rentre sous quelques arbres, et on atteint le village. Les routes sont de plus en plus courbes et inclinées sur le coté. Je sens plus mon petit doigt de pied qui me faisait souffrir avant...

Un type devant moi a de la MOUSSE blanche dessous les bras !!! yaaark.

Je revois le 50 stater (ces gens qui font 50 marathons, un par états des USA... mon rêve, si j’avais le temps). Je l’avais croise à l’expo, la veille. Il est enduit de crème solaire. On dirait qu’il a été victime d’un accident quelques années auparavant. Il a des signes de brûlures et parle avec difficulté. On se passe, se re-passe, puis il me lâche. Je sens que ça va mieux quand même. C’est pas la joie mais je vais y arriver.

Puis, un panneau « want a hug ? » traduire « voulez un câlin ? », un hug c’est quand on se prend dans les bras, c’est le sport national des américains. La bise, ça les choque. Mais te prendre dans les bras c’est OK. Encore un truc que je ne comprends pas trop. Je rigole et me demande qui a bien pu mettre ça. 500m plus loin, un autre panneau : « Hug, next 100 yards », c’est à dire «câlin, 100 prochains mètres ». Puis, je vois un grand monsieur, la cinquantaine, un peu enrobé, avec sa femme, habilles en orange. Ils sont sur le coté de la route et proposent des câlins aux gens... AAAH, ça fait du bien de rire. Je me dis, la larme à l’oeil, que j’aimerais bien un câlin. Mais je ne craquerai pas. Si je m’arrête là, c’est foutu.

Dernière station, mile 25 !!! y a des fraises !!! Miam ! Je sens que le moral revient.

Il parait qu’il y avait un monastère ? Pas vu. Yavait une plage aussi, me rappelle plus.



Mile 26 : je regarde ma montre : ooops ! Je suis en dessous de 5h mais pas bézef ! J’essaie de bouger ma carcasse pour finir avant le chiffre psychologique. Dernière colline, appelée "D-Minor Hill at D-Major Time", ce qui veut dire re-majeur a un temps de re-majeur… Je comprenais pas pourquoi avant mais là, vu la fatigue, elle parait énorme la montée.

Finalement, je vois les drapeaux. J’essaie de pousser. On entend la sono qui s’affole, et moi aussi, je suis a 4:55 quelque chose sur ma montre. Je vois l’arrivée, j’essaie de sprinter (ca fait rire, le sprint, la) ma femme est là, elle a fini sa course, le 9 miler. Elle est toute fraîche et me court après pour prendre une photo. Moi j’ai qu’une envie: finir. Je sprinte encore, ma femme aussi, Elle me filme. Finalement, je passe la ligne a 4:57 et quelques. 4:59 et quelques au temps brut (j'ai mis deux minutes pour franchir la ligne de depart). Content? Je me rappelle plus. J’essaie de survivre, là. Manger, ne pas s’asseoir, manger, boire. On me donne une médaille, je refuse la couverture de secours (ils sont fous ou quoi? Il fait 30 degrés la!), et me jette sur la flotte, les fraises, les muffins et j’essaie de retrouver ma femme.

20 minutes après, je récupère mon cerveau, ma femme, on sac, et on va à la plage se refroidir les guiboles. La flotte doit faire 10 degrés, mais ça fait trop du bien.

Le lendemain, A part un ongle du petit orteil qui se prépare à faire le grand saut, je suis en pleine forme (merci les muffins et la plage) et je rêve du prochain marathon: les deux rives à Québec.


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Places over the world

Tatarala is a place in the mountains of Venaco, Corsica, France.
One day, when I was a teenager, a Shepherd (Fortunee) told me it was called that way because there was a deep pit nearby. When one would throw a stone in there, it made this funny noise: "ta ta ra... la".
I never found the pit, but I loved the story.
I spend so much time traveling that I told myself: I should share that with my friends. I'd love so much to give a little of what I experience on my running, scientific or tourist trips. The places I visit, the people I meet, the cultures I discover, the races I run, all of those give me so much happiness that I can't keep it to myself.
This picture was taken from a park near New-London, NH. New Hampshire is the region where I leave currently. It is a gorgeous place, full of wilderness and gorgeous rivers and lakes but I also take profit of living in the USA to travel all around and visit as much as my demanding job allows.

I'm also a runner, and use this as an excuse to get more into mother nature and visit more places. Some races are in famous cities (Boston, New york, Quebec...) but also in fantastic landscapes (like the Big Sur marathon near Monterey). Running is awesome, It's giving me a lot of nice sensations, many of them are close to meditation. I can get into places a few people go and I get, 4 times a week a bowl of fresh air, whatever the weather throws at me.
This picture was taken on the afternoon of my very first marathon, The Big Sur International Marathon, in Monterey, California. The most spiritual, spectacular and intense experience of my life after my wedding.
So welcome to a piece of my world, enjoy. Peace.